Ce jeudi 30 novembre dans l’après-midi l’écrivain guinéen Tierno Monénembo reçoit le Grand Prix de la Francophonie à l’Académie française. Cette récompense couronne une œuvre littéraire composée d’une douzaine de livres, romans et théâtre. Le lauréat explique à RFI sa définition de la Francophonie, cet « ensemble indivisible ».
RFI : Quelle est votre définition de la francophonie ?
Tierno Monenembo : La Francophonie, à mon avis, c’est un mot qui a été inventé, il n’y a pas si longtemps, plutôt dans les années 1960 ou 1970, par Senghor [Léopold Sédar Senghor, écrivain, poète et homme d’État sénégalais, 1906-2001] ou par Hamani Diori [premier président de la République du Niger, 1916-1989]. On se dispute là-dessus. En tout cas, c’est un mot africain, ce n’est pas un mot français. Ce qui fait que les Français ont tendance à considérer que les francophones, ce sont les Africains voire les Belges voire les Suisses voire les Canadiens, comme si les Français, eux, n’étaient pas des francophones. Ce qui n’est pas juste, parce que la Francophonie est un ensemble indivisible. On ne peut pas mettre de côté les Français et de l’autre côté les francophones. On travaille dans la même langue. C’est notre instrument de travail à nous tous. Nous sommes donc partie prenante de tout ce qui concerne cette langue.
Donc, il faudrait inventer un autre terme ?
Non, il suffit simplement d’accepter sa généralisation, sa généralité. Faire en sorte que quand on dit francophone, c’est à la fois le Parisien, le Limousin, le Normand, le Guinéen, le Québécois, le Belge, le Suisse ou le Sénégalais.
RFI