Le gouvernement guinéen va coopérer à l’enquête sur les soupçons de corruption visant Vincent Bolloré.
Les dirigeants guinéens pointés du doigt
Le président de la République de Guinée, Alpha Condé, élu en novembre 2010, avait résilié le 8 mars 2011, par décret, la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry octroyée en 2008 pour une durée de 25 ans à Getma, une filiale de l’armateur NCT Necotrans.
Le gouvernement guinéen avait confié quelques jours plus tard la gestion du port au groupe Bolloré, déclenchant une bataille judiciaire entre les deux rivaux. Le groupe Bolloré avait été condamné en 2013 par le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) à verser plus de 2 millions d’euros à NCT Necotrans.
Aujourd’hui, plusieurs voix s’élèvent, dont celle du député Fodé Oussou Fofana, vice-président du principal parti d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), pour réclamer l’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’ensemble des marchés publics attribués depuis l’arrivée au pouvoir du président Alpha Condé en décembre 2010.
« Nous allons exiger la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire », a déclaré Oussou Fofana à des journalistes mercredi soir.
« Nous allons prendre tous les dossiers, à commencer par ce dernier, pour demander des explications au gouvernement afin que la situation soit très claire. Nous irons au fond de cette affaire pour savoir si effectivement il y a eu corruption ou pas », a-t-il dit, en référence au dossier Bolloré. Selon l’opposant, « depuis que le président Alpha Condé est au pouvoir, tous les marchés qui ont été donnés l’ont été de gré à gré ».
L’enquête suit son cours
« Vincent Bolloré, qui reste présumé innocent, pourra avoir enfin accès à ce dossier dont il n’a jamais eu connaissance et répondre à ces accusations infondées », a déclaré son porte-parole dans un communiqué annonçant la mise en examen.
L’homme d’affaires de 66 ans, qui avait été placé en garde à vue mardi matin dans les locaux de la police anticorruption à Nanterre, a été mis en examen pour « corruption d’agent étranger », complicité d’« abus de confiance » et « faux et usage de faux », a-t-on appris de source judiciaire.
SDV avait obtenu la gestion de la concession à Lomé peu avant la réélection en 2010 du président togolais Faure Gnassingbé, conseillé dans sa campagne par Havas, tout comme Alpha Condé en Guinée.
Le groupe a démenti ces accusations dans un communiqué, faisant valoir que « les concessions obtenues au Togo l’ont été en 2001, bien avant l’entrée du groupe dans Havas, et en Guinée, en 2011, à la suite de la défaillance du numéro un [le groupe étant arrivé en seconde position lors de cet appel d’offres, NDLR], défaillance constatée avant l’élection du président » Condé.