L’adhésion du Maroc à la CEDEAO sur la bonne voie

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C’est un pas de géant vers l’adhésion formelle que Rabat que vient de franchir au sortir de la visite de travail que vient d’effectuer à la fin août, le Président de la Commission  de la CEDEAO dans la capitale politique du Royaume chérifien. Marcel Alain De Souza rentre en effet, de Rabat où il a eu une réunion conjointe avec les autorités locales sous la présidence du Chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita.

Le patron de la CEDEAO à la tête d’une délégation d’experts était venu faire le point sur la demande d’adhésion marocaine conformément à l’accord de principe du sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO de juin dernier à Monrovia. Quatre mois après le ‘’feu vert symbolique’’ des Dirigeants politiques, les experts sont entrés en action pour caler la faisabilité de ce grand projet d’intégration régionale qui donnera une plus grande dimension à la CEDEAO.

Le Président de la Commission de la CEDEAO s’est voulu très rassurant au sortir des entretiens technico-diplomatiques  indiquant que « la démarche d’adhésion du Maroc à la CEDEAO est sur la bonne voie et va être confirmée lors de la prochaine session ordinaire de la communauté, le 16 décembre prochain à Lomé ».  Autant dire que le Sommet de Lomé donnera une onction formelle et solennelle des Chefs d’Etats de la CEDEAO à l’accord politique ouvrant la voie a l’adhésion formelle du Maroc à l’organisation régionale ouest africaine. Mr De Souza a ajouté, à ce propos, que les chefs d’Etat de la Communauté ont exprimé de « manière souveraine et en toute liberté » leur volonté de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO, et ce dans l’intérêt des deux parties.
Il est évident qu’à date, et suivant les  garanties  et constats recueillis sur place par l’équipe du Président De Souza, Rabat, résolu à gagner ce grand pari, a dorénavant dépassé le stade de l’accord de principe (séquence politique) obtenu le 04 juin dernier à Monrovia pour passer à la séquence juridique et technique du processus d’adhésion, qui est une étape d’adaptation de textes et de mécanismes, en vue d’une intégration définitive du Maroc à cette Organisation régionale, en décembre prochain.

Lomé.  Mais le chemin à parcourir  par le Royaume Chérifien pour ‘’se mettre à jour’’ avec les obligations réglementaires, juridiques et institutionnelles de la CEDEAO est encore long et périlleux.

C’est pourquoi, le Chef de la Diplomatie marocaine n’a pas manqué de rappeler que l’adhésion du Maroc à la CEDEAO « est un choix stratégique, comme l’a souligné le Roi Mohammed VI lors de son discours du 20 août« . Nasser Bourita a précisé en outre que cette démarche relevait d’une « volonté exprimée au plus haut niveau de l’État marocain pour couronner des relations historiques, humaines, économiques, politiques qui ont toujours lié le Maroc à cette région« .

Un engagement politique fort et réaffirmé  certes, mais il va falloir aux politiques et experts marocains de travailler en profondeur et conjointement avec la Commission de la CEDEAO à « l’harmonisation de ses textes avec ceux de la communauté Ouest-africaine, notamment en ratifiant les textes sur la liberté de circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes » avant d’occuper son siège de membre à part entière au sein de l’organisation. Dans la foulé de l’adaptation aux exigences, les Marocains devront se doter du passeport CEDEAO et disposer de la carte d’identité régionale.

A Rabat, on est serein et confiant quand à l’issue du processus d’adhésion enclenchée.  Nasser Bourita, le Ministre des Affaires Etrangères du Maroc est clair : « la déclaration d’accord politique avec la CEDEAO prévue pour le 16 décembre sera suivie du démarrage effectif des négociations sur les questions techniques et de réglementation où le Ministère des Affaires Etrangères (MAE) joue le rôle de courroie de transmission entre la commission de la CEDEAO et les département compétent au niveau marocain ».

Faut-il rappeler qu’à moyen et long terme, la dynamique d’adhésion marocaine à la CEDEAO impliquerait son adhésion à l’Union douanière de la CEDEAO avec son tarif extérieur commun (TEC) déjà en vigueur depuis 2015 et au dela, sa participation à la construction d’une monnaie unique dans les 7 à 10 ans à venir. Autant dire  que le Maroc est prêt à se passer de son Dirham au profit de la future monnaie unique, si les Etats membres de la Communauté arrivaient à se mettre d’accord sur son entrée en vigueur. « Le Maroc s’engage à adopter la monnaie unique de la CEDEAO, le jour où celle-ci sera adoptée par la communauté », soulignait le souverain marocain, a rappelé De Souza, le 29 août dernier à Rabat.

Le pari de la libre circulation pour un marché de plus de 300 millions de consommateurs

L’Adhésion du Maroc à la CEDEAO est une grande aubaine.  Les exportations marocaines pourront ainsi circuler librement dans l’espace CEDEAO tout comme celles des autres Etats membres sur le territoire marocain. Une sacrée opportunité offerte donc aux opérateurs marocains d’investir dans un marché régional de quelques 340 millions de consommateurs. Rabat compte bien utiliser son réseau et la forte pénétration de ses opérateurs, notamment bancaires, télécoms et immobilier dans la région pour faciliter son adhésion et rappeler son rôle d’acteur économique incontournable dans la zone, notamment en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Mali et en Guinée.

Cependant le processus d’harmonisation de la réglementation entre les deux parties pourrait prendre entre 3 et 4 ans. Des contraintes à dégager mentionne le Président De Souza qui estime qu’il faudra « harmoniser les 6.000 lignes tarifaires dont dispose la Cédéao et les 17.800 lignes tarifaires du Maroc« .

Le président de la commission de la Cédéao a souligné à cet effet, que le rôle de l’organisme qu’il dirige est « de mettre en œuvre la décision des chefs d’États et de gouvernements« . Selon lui, cette décision « couvrira la libre circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux, la mise en œuvre des accords de prévention des risques, sans oublier la mise en œuvre des règles de bonne gouvernance et de démocratie« .

On le sait, le Maroc noue déjà un partenariat stratégique solide avec la presque totalité des 15 pays d’Afrique de l’Ouest« . Des grands groupes tels que « Attijariwafa Bank, la BMCE présente dans le groupe Bank of Africa, Saham Assurances, Itqane Group, les BTP ainsi que l’industrie marocaine opérant dans les fertilisants agricoles et la pharmacie sont implantés dans les économies ouest africaines notamment la Guinee. Une aubaine aussi pour économies performantes de l’espace CEDEAO qui profiterons sans doute du marché marocain de produits et services et ses millions de consommateurs, sans oublier la formation, le transfert de compétences et de technologies, le partenariat Public Privé et du vaste réseau des entreprises.

Pragmatisme oblige, le ministre des Affaires étrangères du Maroc se veut surtout réaliste « le processus progressif d’adhésion prendra peut-être des années, en fonction des intérêts du Maroc et des pays de la Cédéao« .  Cette dynamique est la matérialisation de la volonté du souverain chérifien, le Roi Mohammed VI pour qui ‘’l’Afrique doit compter sur l’Afrique’’ surtout dans cette phase de construction de grands ensembles pour gagner le pari de l’intégration et du développement des nations africaines.

Ibrahima Ahmed BARRY,  Journaliste-Consultant

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