Réchauffement climatique : Un activiste parle des défis pour la COP23

Spread the love
 
 
   
  

Accord de Paris sur le climat, conséquences sur les émissions de gaz à effet de serre, problématique de lutte contre le réchauffement climatique, les résolutions de la COP22 à Marrakech, conséquences du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, notre rédaction a tendu son micro à un spécialiste des questions environnementales.

Dans cet entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, Mr Zaïnoul Abidine BARRY, activiste engagé dans le secteur de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique, revient sur les attentes de la 23Conférence des Parties (COP23) de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC), qui se tiendra du 6 au 17 novembre 2017 à Bonn (Allemagne).

Nous avons eu la chance de vous rencontrer ici à Conakry l’année dernière à la veille de la COP 22 au Maroc, pouvez vous nous parler des résolutions assorties de cette rencontre ?

Mr BARRY: A l’issue de deux semaines de discussions sur le réchauffement climatiques, il faut dire que plus de 190 pays réunis à Marrakech à la COP22 se sont mis d’accord pour mettre au point d’ici à décembre 2018 les règles d’application de l’accord sur le climat conclu en décembre 2015 à Paris. Mais en tant qu’activiste, je peux dire que c’est une véritable  détermination à aller de l’avant pour relever le défi climatique.

Cette déclaration d’intension de Marrakech est censée permettre d’avancer dans l’application de l’accord de Paris. Il reste maintenant à concrétiser les mesures pour y arriver. Théoriquement, ces règles liées à l’accord de Paris auraient dû entrer en application en 2020 et c’est là la principale avancée de cette COP22 face à l’urgence climatique. En accélérant le calendrier, ces fameuses règles devraient être prêtes dès 2018 donc avec deux ans d’avance.

Le premier message très important est le fait que tous les pays se soient mis d’accord sur une proclamation de soutien à l’accord de Paris.  

Le corps du texte disait : « Nous, chefs d’Etat, de gouvernement et délégations réunis à Marrakech, appelons à accroître l’ambition et à renforcer notre coopération », rappelant l’urgence de redoubler les efforts afin de respecter l’objectif de l’accord de Paris, celui de contenir la hausse des températures bien en deçà des deux degrés. Le texte appelle aussi à une solidarité forte avec les pays les plus vulnérables et affirme l’objectif qui consiste à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour les pays les plus affectés par le changement climatique.

Ainsi, le texte comporte l’obligation pour tous les pays de faire un point d’étape en 2017. L’objectif est de faire état de leurs émissions de gaz à effet de serre avec la possibilité, pour ceux qui ont pris du retard, de se faire aider afin qu’aucun pays ne reste sur le bord du chemin.

Autre obligation pour les Etats développés : revoir leurs ambitions à la hausse dès 2018. On demanderait à l’Europe par exemple de ne pas réduire ses émissions de 40% mais de 50%. Mais en dépit de tout, je peux vous dire que c’est un bilan mitigé, surtout pour l’Afrique.

Pourquoi dites vous que c’est un bilan mitigé pour l’Afrique ?

Mr BARRY: Nous activistes, pensons qu’il faut placer au cœur des débats des sujets qui préoccupent l’Afrique.

Posons-nous la question de savoir si la COP22 aura-t-elle été la COP de l’Afrique comme l’avait annoncé le Maroc ?  On peut dire non, le compte n’y est pas.

Il y a eu des avancées sur le calendrier d’application de l’accord de Paris, beaucoup d’initiatives ont été lancées en marge des négociations, des promesses de financements supplémentaires ont été formulées, mais pour nous activistes africains, le compte n’y est pas encore: plusieurs sujets-clés pour l’Afrique comme la finance ou l’agriculture ont été écartés. Prenons au cas par cas.

Pour les finances : Les négociations se sont un peu grippées sur la question des finances. L’Afrique attendait des précisions sur les montants qui doivent lui permettre de s’adapter à la nouvelle donne climatique.

J’ai été relativement surpris que les pays africains ne soient pas plus clairement montés au créneau, parce que les financements qui sont annoncés depuis très longtemps ne sont pas réellement sur la table et qu’on réunit dans des financements des choses très différentes et qui sont finalement pas de nature à permettre notamment aux pays qui vont être le plus impactés par le dérèglement climatique de faire face et de s’adapter aux conséquences de ces dérèglements climatiques.

Sur ce sujet par exemple, le continent africain espérait plus d’argent pour financer des projets d’adaptation comme la restauration de la couche d’ozone dans les zones d’exploitation minière, des constructions de digues, des surélévations d’habitats rendus nécessaires par les changements climatiques.

Il y a également le secteur de l’Agriculture en Afrique qui n’a pas fait l’objet de décisions concrètes.

La déception pour les ONG présentes à Marrakech, se situe au niveau de l’agriculture, un secteur très perturbé par les dérèglements climatiques, indispensable à la survie de millions d’Africains. On n’a pas besoin de démontrer ici que le secteur de l’Agriculture est vital pour l’Afrique.

Ce sujet a été abordé mais aucun consensus n’a été trouvé entre le Nord et le Sud sur la nécessité d’aider les pays les plus vulnérables à transformer leur agriculture afin de faire face aux sécheresses et aux inondations.

Une décision a été juste prise pour reporter les discussions à la prochaine rencontre de 2017, mais avec aucune indication sur ce qu’on va faire. Les Etats n’ont pas voulus statuer et donner un cadre à ces négociations parce que derrière ça il y a des lobbies qui défendent les engrais, les OGM, ils ne veulent pas qu’on dise que l’agriculture qui est bonne pour le climat c’est l’agro-écologie et ce sont les pratiques durables.

Pour pallier les lenteurs des négociations, des programmes parallèles de soutien à l’agriculture ont donc été lancés. Il ne faut cependant pas oublier qu’en marge des négociations, le Maroc a tout de même réussi à imposer son agenda à travers le lancement de plusieurs grands programmes, y compris sur l’agriculture.

Si vous prenez par exemple le Maroc pays organisateur de la réunion, il a plaidé pour que l’adaptation de l’agriculture africaine au réchauffement climatique soit mieux financée. Il veut le « Triple A ». Pas la note souveraine des agences de notation, mais la reconnaissance que l’adaptation de l’agriculture africaine, ou « Triple A », est aussi digne des efforts de financement que l’atténuation du réchauffement. L’adaptation ne reçoit que 16 % des fonds climat, or les agriculteurs africains sont parmi les plus durement frappés par le changement climatique. Pourtant, l’agriculture commence à apparaître non plus comme une cause de réchauffement (14 % des gaz à effet de serre dus aux rejets azotés des plantes, au méthane des élevages), mais comme une solution, grâce à la photosynthèse des cultures.

Mais si ces programmes ne sont pas règlementés, les Activistes et les ONG on peur que cela soit la porte ouverte à des dérives, y comprit, et ce serait un comble, la promotion d’engrais chimiques néfastes pour l’environnement.

Pensez-vous qu’on avance ?

Mr BARRY: On avance, mais on avance lentement. On se met d’accord pour régler tous les détails et les règles de l’accord de Paris d’ici à 2018. Maintenant on attend des pays qu’ils soient plus ambitieux et beaucoup plus concrets dans leurs annonces et puis aussi au niveau national qu’ils aillent plus loin.

Evidemment, les aléas politiques font peser des incertitudes sur les positions de tel ou tel pays. Mais Finalement, la principale avancée reste la mise en place d’une feuille de route pour les années à venir et la promesse d’accélérer le rythme. Des points d’étape sont prévus pour vérifier que la conformité des Etats vis-à-vis de leurs engagements et que dès 2018, les pays développés revoient leurs promesses à la hausse.

 Si vous parler de conformité des Etats vis-à-vis de leurs engagements, quand est-il des Etats-Unis d’Amérique ?

Mr BARRY: Vous savez, le président Donald Trump durant sa campagne à la présidentielle des États-Unis s’était affiché comme un climato-sceptique, c’est cette position qu’il a confirmé quant il est arrivé à la Maison blanche. Des directives ont été émises par l’administration Américaine à l’intention des fonctionnaires fédéraux, invités à ne plus employer des expressions telles que “changement climatique” pour leur préférer “phénomènes météorologiques extrêmes”.

Le 1er juin dernier, il a fait savoir qu’il se retirait de l’accord de Paris sur le climat. Son prédécesseur Barack Obama avait immédiatement réagi en ces termes: « Mais même en l’absence de leadership américain; même si cette administration se joint à une petite poignée de pays qui rejettent l’avenir; je suis certain que nos Etats, villes et entreprises seront à la hauteur et en feront encore plus pour protéger notre planète pour les générations futures ».

De nombreux Etats comme New-York, Washington ou encore la Californie se sont insurgés de cette décision, et ont fait savoir qu’ils respecteraient les engagements pris durant la COP21. Cette décision est un énorme coup dur pour la lutte contre le réchauffement climatique. Si juridiquement, il faudra attendre novembre 2020 pour que les Etats-Unis puissent officiellement abandonner le traité, Donald Trump a précisé que le pays allait immédiatement « cesser la mise en œuvre de l’Accord de Paris ».

Quelles sont les conséquences du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris ?

Mr BARRY: Effectivement on se demande tous comment fait-on pour enlever sa signature d’un traité international validé par les pays du monde entier? La procédure est assez claire et n’implique en réalité aucune espèce d’amende. Elle est par contre assez longue. Et a de lourdes conséquences.

Il faut le rappeler que, lors de la COP21, la quasi-totalité des pays du monde s’était engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025, dans des proportions variées. Le but est délimiter la hausse de la température mondiale « bien-en deçà de 2°C » et « poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°C », par rapport au niveau d’avant la Révolution industrielle. Les Etats-Unis avaient ainsi déclaré vouloir baisser leurs émissions de CO2 de 26% à 28% par rapport à 2005.

Le retrait des Etats-Unis est une mauvaise nouvelle pour la planète. Car c’est le deuxième plus important pollueur de la planète. Le premier, si l’on prend en compte les années passées, comme le rappelle le New York Times. De même, la contribution du pays à la baisse mondiale des émissions de CO2 d’ici 2025 était dans le trio de tête, avec l’Union Européenne et la Chine.

Alors bien sûr, rien n’est figé dans le marbre. Ainsi, les réactions internationales tendent plutôt à isoler les États-Unis et à réaffirmer l’engagement des Etats du monde entier dans la lutte contre le réchauffement climatique. Aujourd’hui, la Chine et l’Union Européenne s’apprêtent justement à affirmer vouloir aller plus loin dans la limitation de leurs émissions de CO2. Si chaque pays fait des efforts supplémentaires, le manque à gagner américain pourrait ainsi être comblé.

Malheureusement, avant même le retrait des Etats-Unis, la bataille climatique était loin d’être gagnée.

Juridiquement l’Accord de Paris ne peut être dénoncé que trois ans après sa signature, soit en novembre 2019. De plus, il y a un « préavis » d’un an à respecter, selon l’article 28. S’il suit cette procédure, le président Américain n’arrivera à ses fins qu’après la prochaine élection présidentielle américaine.

Reste une possibilité que les Etats-Unis quittent carrément la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques. Adoptée en 1991, c’est, en gros, l’organisation qui gère les COP et les différents accords, dont celui de Kyoto et de Paris. En la quittant, le pays mettra automatiquement fin à sa participation à l’Accord de Paris en un an seulement. Une chose qu’aucun pays n’a encore faite et qui serait bien plus extrême.

Il pourrait également choisir de ne pas dénoncer le traité, mais simplement refuser d’appliquer ses directives. Car dans tous les cas, l’Accord de Paris, s’il impose des règles à respecter, ne prévoit pas de sanctions économiques envers les mauvais élèves.

Mais derrière ces questions légales, il y aura surtout des conséquences diplomatiques et économiques. Il est par exemple possible que d’autres pays décident de ne pas jouer le jeu, étant donné que le deuxième pollueur du monde abandonne la lutte contre le réchauffement climatique. Ce qui serait catastrophique pour la planète, mais pas spécialement pour les Américains.

A l’inverse, les 194 pays restants pourraient redoubler d’efforts. Mon impression est que la Chine, l’Union Européenne et l’Afrique voient le développement durable comme une question stratégique sur laquelle ils investissent de plus en plus.

L’Amérique aura une économie pénalisée, par ce que, derrière le risque diplomatique, il y a également un risque économique non négligeable. Ce n’est pas pour rien que des centaines d’entreprises américaines, dont le pétrolier Exxon, ont demandé au président Américain Donald Trump de respecter l’Accord de Paris. En dehors même de l’avenir de la planète, la transition énergétique visée lors de la COP21 implique une transformation profonde de l’économie.

Je pense qu’avec le retrait des Etats-Unis, ça risque d’être bien plus dur pour les sociétés américaines d’énergie renouvelable de vendre leur produit dans le monde.

Il pourrait également pénaliser les sociétés américaines en diminuant les droits de douane, par exemple, des autres pays qui vendraient des technologies incorporant des énergies propres. Sans oublier que des actions en justice pourraient être engagées contre le gouvernement américain par des victimes du réchauffement climatique. Ces procès pourraient être conduits devant les juridictions américaines, voire devant les juridictions nationales d’autres pays ayant subi des dommages. Les juges pourraient estimer que la décision de l’administration Américaine de se retirer de l’Accord de Paris ou de ne plus l’appliquer constitue une faute et en demander réparation.

 Pour ces genres de rencontres quels sont les mécanismes pour aboutir à un texte contraignant ?

Mr BARRY: Un accord doit avoir un caractère obligatoire, par ce qu’il est destiné à organiser la société internationale et les rapports entre ses membres, il est nécessaire qu’il soit respecté et donc il doit être imposé à tous, rendue obligatoire toute sa durée.

En droit international, certains textes, comme les déclarations ou les résolutions de la Conférence des Parties (COP) s’adressant aux États, sont juridiques sans être juridiquement obligatoires. Ils sont juridiques dans le sens où leur portée n’est pas morale ou religieuse. Ils créent une situation juridique nouvelle.

Ces instruments ont ainsi en premier lieu une grande valeur sur le plan politique, les États pouvant même se sentir obligés de les respecter. Leur caractère juridique implique en outre un certain nombre de conséquences:

Une résolution de la COP doit être examinée de bonne foi par tout Etat partie, dans la mesure où elle reflète l’opinion de la majorité ou de tous les signataires à un traité dont ils ont accepté les finalités. Elle a aussi une valeur permissive par ce que les États peuvent l’invoquer pour justifier leurs décisions ultérieures.

Cependant, ces textes n’étant pas juridiquement obligatoires, on ne peut pas engager la responsabilité des États sur leur fondement.

Pour qu’il y ait de vraies contraintes, il faut que des sanctions soient prévues dans l’accord. C’est une question compliquée, l’histoire le montre.

Prenons pour exemple le protocole de Kyoto, c’est à dire la convention qui est valable jusqu’à présent et qui a été remplacée par ce nouvel accord négocié à Paris.

Jusque-là, dans toutes les discussions lors des conférences précédentes, il n’y a jamais eu de sanctions prévues. Le protocole de Kyoto signé en 1997 était censé être un accord contraignant qui engage les Etats. Mais quand le Canada a quitté le protocole de Kyoto, aucune sanction n’a été prise, tout simplement parce qu’aucune sanction n’était prévue. Sans sanction il n’y a pas de contraintes. C’est un engagement volontaire, mais ce n’est pas un accord contraignant.

Il faut noter que la majorité des conventions environnementales prévoient notamment une procédure de contrôle collectif du respect des engagements pris, basée sur des rapports souvent confiés aux États eux-mêmes et plus rarement à des experts indépendants. Mais il n’existe pas toujours d’organe juridictionnel compétent pour trancher leurs contentieux au regard du droit international. Les États signataires d’une convention peuvent s’accorder, dans le texte lui-même du traité ou ensuite, pour attribuer cette compétence à la Cour internationale de justice ou à un tribunal d’arbitrage. Le plus souvent cet accord n’intervient qu’ex-post, c’est-à-dire une fois le contentieux surgi.

Un traité international, juridiquement obligatoire, peut certes prévoir dans ses clauses l’interdiction pour les État signataires de le dénoncer. Mais cela n’a jamais été le cas en droit international de l’environnement.

C’est extrêmement difficile déjà d’avoir un accord signé par l’ensemble des Etats sans émission de réserves sur une partie du texte. Alors si en plus, on ajoute des risques de sanctions, l’immense majorité des Etats ne va pas vouloir le signer.

 Que pensez-vous de la prochaine COP ?

Mr BARRY : Organisée par les Îles Fidji, la COP23 se déroulera à Bonn, en Allemagne. C’est la première fois qu’un petit Etat insulaire, un Etat du Pacifique organise une COP et pour mieux réussir l’organisation il a demandé aux Allemands de la faire à leur place. L’archipel du Pacifique n’est pas en mesure d’accueillir 15 à 20 000 personnes sur un seul site et de les loger à proximité. Il faut noter que les petits Etats insulaires sont particulièrement exposés aux conséquences du changement climatique, comme la hausse du niveau des océanset l’accentuation de certains phénomènes météorologiques extrêmes.

C’est la 23ème conférence des États parties à la convention des Nations Unies sur le changement climatique (COP 23). Cet événement aura lieu du 6 au 17 novembre prochain à Bonn, où siège le secrétariat de la CCNUCC. La COP, est une opportunité pour les représentants des Etats, les acteurs et les activistes de montrer qu’ils sont prêts à faire plus, plus loin, plus ambitieusement et plus concrètement pour l’action climatique, et qu’ils sont aussi prêts à mettre en place une solidarité envers les pays les plus vulnérables. C’est quelque chose qu’on n’a pas réussi à voir dans les autres COP. Tous les acteurs doivent se mobiliser sous d’autres formes pour exiger des négociateurs qu’ils se donnent les moyens de conclure un accord à la hauteur des enjeux actuels.

 Selon vous, quelle place occupe la Guinée aujourd’hui dans ce débat ? Des actions concrètes sont-elles menées ?

Mr BARRY: Il faut rappeler que la République de Guinée a ratifié la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et le Protocole de Kyoto respectivement en 1993 et 2005. Elle a, depuis, élaboré des stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques, parmi lesquelles sa Communication Nationale initiale, sur la base d’un inventaire des gaz à effet de serre (GES) en 2001 (sur la base des émissions de 1994). Un second inventaire a été mené en 2011 (émissions de 2000). Elle a élaboré son Plan d’Action National sur l’Adaptation en 2007 et engagé plusieurs projets pour mettre en œuvre ce plan.

Naturellement, le pays a un potentiel géologique et dispose d’une façade maritime de 300 km de littoral, jouissant d’un climat propice à l’agriculture et à l’élevage, abritant des ressources halieutiques et une biodiversité riche et rare. Une zone côtière très riche avec un secteur forestier fleurissant. Le pays est surtout, connu et reconnu pour être le ‘’château d’eau’’ de l’Afrique de l’ouest avec plusieurs cours d’eaux qui y prennent leurs sources et tombent dans la sous région.

Malgré ce potentiel, la Guinée figure parmi les pays les moins avancés et les plus vulnérables de la planète. Donc il est absolument important de participer activement aux débats et de mener des actions concrètes pour protéger son environnement, les sources de ces cours d’eau et pour dire sa biodiversité.

Selon les spécialistes, la dégradation poussée de ces ressources compromettrait à la fois les politiques de développement du pays et les capacités d’adaptation des Guinéens. Cela risque  surtout d’avoir des conséquences sur la sous région ouest africaine et par extension sur la planète.

Avant la participation de la guinée à la COP21 à Paris en 2015, le département en charge de l’environnent avait fait un état de lieu de la situation nationale pour pouvoir inventorier les secteurs qui sont touchés par le phénomène climatique. A l’issu de cet travail, elle a préparé sa contribution à la grande conférence de Paris.

 Il faut le rappeler qu’au sommet du climat à Paris, le Président Alpha Condé avait tiré la sonnette d’alarme face aux dirigeants du monde. Il a relevé la gravité des conséquences du réchauffement climatique en guinée et en Afrique.

Il a également insisté sur l’adoption d’un accord global de toutes les parties, en disant  « le temps de conclure est arrivé tout comme le temps de s’engager pour préserver la planète des effets désastreux du réchauffement climatique ».

Après Paris, le 30 janvier 2016 au cours de la 26ème session ordinaire de l’Union Africaine,  Le Président Alpha CONDE, a été désigné comme Coordinateur de l’énergie en Afrique, donc, le porte-parole du plan d’électrification de l’Afrique, dans le domaine des énergies renouvelables au niveau de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et au niveau continental. La désignation du Président Alpha CONDE comme coordinateur de l’Initiative de l’Afrique pour les énergies renouvelables est une chance pour la Guinée, nous devons en être fiers.

C’est pourquoi, dès mars 2017, le Président Alpha CONDE a invité les partenaires techniques associés aux dix bailleurs de fonds à Conakry pour définir les projets futurs et lancer la phase opérationnelle de l’Initiative Africaine pour les Energies Renouvelables.

Ce programme énergétique vise à déployer au moins 10 gigawatts de capacités nouvelles d’ici 2020. Et au-delà, 300 gigawatts devraient être installés d’ici 2030. Un projet qui pourrait bénéficier à la Guinée, un pays avec d’importantes potentialités énergétiques quasiment inexploitées à ce jour.

Rappelons que 600 millions de personnes en Afrique subsaharienne n’ont pas encore accès à l’électricité selon les données de la Banque mondiale. Donc, l’installation d’une capacité énergétique renouvelable à grande échelle sur le continent africain d’ici 2020, aurait un impact considérable sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre du continent.

En termes d’actions menées, il faut noter la que la Guinée a ratifié l’accord de Paris sur le climat et a participé activement à la 22ème conférence des Nations Unies sur le Climat à  Marrakech.

Pour réussir sa participation à la COP22, la Guinée a mobilisé les différentes composantes, (cadres, experts, activistes de la société civile et partenaires privés) pour avoir une stratégie d’actions concertées et définir les rôles, identifier en amont des projets pilotes susceptibles d’être défendus.

Sous l’égide du département de l’Environnement, un comité interministériel de la COP22 a été institué en août 2016. Les experts du département de l’environnement ont fait un travail de fond remarquable auprès de l’Assemblée nationale pour obtenir la ratification, le 10 août 2016 de l’accord de Paris par la Guinée.

En terme de gros engagements pris à la COP21 à Paris, la Guinée promet de porter son faible niveau de production (en énergie solaire, éolienne et le biogaz) de 0,02% actuellement à 30% en 2030. Le pays s’engage également de vulgariser des pratiques et technologies économes ou alternatives au bois de chauffe et au charbon de bois utilisés par 85% des ménages, à gérer durablement les forets et à rendre climato compatible l’exploitation minière en Guinée.

Les acteurs de la société civile guinéenne ont constitué un comité technique national qui fédère et coordonne l’action de l’ensemble des ONGs évoluant dans le cadre de la préservation, la protection de l’environnement et de la biodiversité en Guinée. Ces acteurs se sont dotés d’une stratégie et d’un plan d’action assortie d’un document de plaidoyer adossés à la Contribution Prévue Déterminée au Niveau National (la CPDN).

Avec l’arrivée de Mme Aissatou Baldé comme nouvelle Ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts, en Mars 2017, c’est une nouvelle dynamique qui est engagée pour promouvoir une gestion environnementale plus efficace. Connaissant bien ce Département et consciente des enjeux et des défis qui l’attendent, elle se donne aujourd’hui comme priorité la promotion de la bonne gouvernance environnementale, le suivi de la mise en œuvre des accords multilatéraux sur l’environnement dont la guinée est membre, la gestion durable des ressources naturelles et l’amélioration du cadre de vie des populations.

On peut se réjouir de l’expérience des Directeurs nationaux et cadres techniques de son département, qui sont mobilisés pour abattre un travail assez technique pour que la participation de notre pays soit effective à la prochaine COP23.

Il faut rappeler, qu’en mai dernier Mme la Ministre a organisé la première réunion technique au siège de son département à Conakry, une réunion de la Plate-forme nationale de concertation pour les préparatifs de la 23Conférence des Parties (COP23) de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC).

La rencontre a mobilisée les points focaux des départements ministériels, les représentants des institutions républicaines, de la Société civile, des ONG et des médias, pour une large contribution de la Guinée à cette rencontre mondiale.

Pour une question d’efficacité, quatre panels thématiques (Panel de Coordination Technique et Scientifique, Panel Animation Stand, Panel Accréditation et le Panel mobilisation de Ressources financières) ont été mis en place pour permettre à chacun de se faire inscrire librement selon son domaine de compétence. Dans ces débats, Mme la Ministre offre même la possibilité à la diaspora guinéenne de s’impliquer dans la préparation des thématiques pour que tous les secteurs touchés par les dérèglements climatiques soient au cœur des débats.

En Juillet dernier, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD, le Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts a eu l’initiative de réunir au tour d’un atelier  de concertation les principaux acteurs intéressés.

Cet atelier avait pour objectif de collecter les informations de manière participative pour la mobilisation des acteurs en vue de l’adaptation aux changements climatiques, définir les modalités pertinentes de co-financement des parties prenantes ou encore intégrer la dimension genre dans l’élaboration et la mise en œuvre des projets.

A ce titre, Mme la Ministre ouvre un espace de débats et d’échanges autour de la transition écologique, ainsi qu’à la découverte des solutions contre les dérèglements climatiques.

Dans cet élan, je suis rassuré que la guinée sera présente à Bonn avec une véritable dynamique porteuse d’espoir pour  tous les Guinéens.

 Quel est votre mot de la fin ?

Mr BARRY: Je lance un appel à tous les acteurs du secteur du climat, de l’environnement, des mines et du développement durable de se mobiliser au tour des initiatives et actions engagées par le Président Alpha CONDE et le département de l’Environnement, des Eaux et Forêts, pour une  gestion durable des ressources naturelles et l’amélioration du cadre de vie des populations.

Kababachir.com : Merci Mr BARRY

Mr. BARRY: C’est moi qui vous remercie.

Source: Kababachir.com

 

Articles Similaires

Leave a Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.